Maria Montessori, cette grande dame !

Pourquoi consacrer un article à Maria Montessori ? On aurait pu vous parler de David Guetta mais ça n’a pas grand intérêt ici… Pardon David ! Maria Montessori est une médecin et pédagogue d’origine italienne pour qui toute l’équipe de Learning Brain a beaucoup d’admiration.

Nous vous parlerons brièvement de sa pédagogie, très largement connue et portant son nom (« Pédagogie Montessori ») mais, dans cet article, nous avons surtout envie de parler d’elle car cela vaut largement le détour ! Ne criez pas au scandale tout de suite car, c’est promis (croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer !), nous vous concocterons prochainement un article consacré à la pédagogie Montessori !

Pour vous décrire cette grande dame, nous avons fait appel aux co-auteures de sa biographie, récemment parue, car elles en parlent si bien : Charlotte Poussin et Martine Gilsoul. (Maria Montessori, une vie au service de l’enfant, DDB, 2020)

Charlotte et Martine sont toutes deux éducatrices et ont toutes les deux dirigé des établissements Montessori. Martine a écrit de nombreux articles pédagogiques et Charlotte est auteure de nombreux livres sur le sujet.

Qui était Maria Montessori ? A quelle époque a-t-elle vécu ?

Maria est née en Italie près d’Ancône, en 1870, en plein Risorgimento, peu après l’unification du pays. Elle a grandi dans un climat progressiste propice à la science, seule voie possible pour combler le retard de cette jeune nation. Dès le primaire, elle s’est tournée vers les sciences, intégrant pour cela une école primaire de garçons. Cela augurait déjà le parcours qu’elle allait suivre pour devenir une des premières femmes médecin d’Italie. C’était une femme brillante et avide de connaissances, qui ne cessa jamais d’étudier une fois devenue médecin (sciences naturelles, psychiatrie, anthropologie, psychologie, philosophie...). Forte tête et bonne vivante, drôle même, loin de l’image austère que les photos de l’époque nous renvoient souvent. Mère ayant été séparée de son fils jusqu’à son adolescence, ils furent ensuite très proches au point qu’il devint son principal collaborateur. Ce fut aussi une grand-mère tendre et originale, très présente pour ses petits-enfants malgré sa vie de globe trotteuse. Elle parcourut en effet le monde pour déployer sa proposition pédagogique dans tous les milieux, jusqu’à la fin de sa vie. Toujours préoccupée par le sort des plus faibles, elle fut militante féministe et pacifiste. Elle fut nominée au prix Nobel pour la paix.

Comment est-elle devenue médecin et s’est-elle intéressée aux enfants plus particulièrement ?

C’est à la vue d’un enfant absorbé par la contemplation d’un morceau de papier, lové dans les bras de sa mère mendiant dans la rue, que Maria a eu une prise de conscience lui donnant la conviction qu’elle devait, envers et contre tout, entreprendre des études de médecine, ce qui, à l’époque, était un choix plus qu’hors du commun pour une femme! Lors de ses études, elle fut bouleversée en observant des enfants livrés à eux-mêmes, jouant avec des miettes de pain, enfermés dans des asiles psychiatriques au milieu d’adultes. Elle comprit que leur problème était d’ordre pédagogique et non médical. Elle participa, avec ses collègues, à la fondation de l’école de psychiatrie infantile romaine. Elle fut aussi sensible au fléau des enfants des rues et des jeunes délinquants que l’école ne parvenait pas à aider. Elle milita pour qu’ils aient le droit d’aller à l’école, avec une approche qui s’adapte à leurs problématiques. Elle souhaitait que l’école soutienne le développement de chaque enfant. L’éducation était avant tout, selon elle, une «aide à la vie».

Peut-on parler de « pédagogie Montessori » ou plutôt de « philosophie Montessori » ?

Maria Montessori a changé notre regard sur l’enfant en le considérant comme le Père de l’homme plutôt que comme un être à modeler. Elle croyait au potentiel de chaque enfant, capable d’aider l’adulte à dépasser ses préjugés. La place de l’enfant dans la société et la manière dont l’adulte devrait entrer en relation avec lui ont été transformées par sa proposition. En ce sens, on peut dire qu’il s’agit d’une philosophie de vie qui vise à améliorer la société en considérant l’éducation comme une arme de Paix. Dans la démarche Montessori, l’acquisition du savoir et de la culture vont de pair avec l’épanouissement du caractère de l’enfant qui s’ouvre à la collaboration et au développement d’une vie intérieure sereine.

Comment Maria Montessori a-t-elle développé « la pédagogie Montessori » et quels en sont les grands principes ?

Maria Montessori a d’abord adapté les outils pédagogiques des médecins-pédagogues français Jean Itard et Edouard Séguin lorsqu’elle travaillait avec les enfants déficients. Ces enfants ont fait des progrès incroyables, au point de dépasser les élèves d’écoles traditionnelles lors de l’examen de fin de primaire. En tant que chercheuse, elle voulut comprendre pourquoi les enfants «normaux» semblaient bloqués dans leur développement. Elle eut l’occasion d’établir un laboratoire d’un genre nouveau à San Lorenzo, un quartier très pauvre de Rome. En proposant un environnement adapté aux besoins des enfants, où ils pouvaient choisir librement leurs activités, elle assista à leur transformation. Elle vit qu’ils étaient capables d’autonomie et que celle-ci les rendait plus heureux d’apprendre et de rendre service, au point que l’atmosphère du quartier insalubre en fut nettement et visiblement améliorée. Les balcons verdissaient sous l’impulsion des enfants !
Devant cette métamorphose, leurs parents analphabètes supplièrent Maria Montessori de leur apprendre aussi à lire et à écrire. Perplexe à cause de leur jeune âge, Maria décida de se lancer dans l’aventure et ce fut une véritable révélation, on parla même de miracle ! Les enfants écrivaient et lisaient sans effort apparent. Les journaux parlèrent de ces exploits et les visiteurs affluèrent du monde entier, persuadés de trouver une organisation bien rodée et une technique « à emporter ». Leur étonnement fut grand quand ils écoutaient Maria Montessori leur affirmer qu’elle n’avait fait que « suivre les enfants », en leur permettant de révéler leur potentiel.
On peut parler d’éducation dilatatrice, qui part de la périphérie (les sens) pour arriver au cœur de la personnalité de l’enfant, sans entraver son énergie vitale et son élan pour la découverte.

Maria n’a pas protégé son œuvre, pourquoi ?

Elle a toujours voulu que le plus grand nombre d’enfants puissent en profiter. Si, avec son fils Mario, elle a fondé l’AMI en 1929, c’était pour avoir un organe permettant de mieux diffuser son œuvre et sa pensée tout en restant fidèle à ses valeurs. En effet, dès le début de sa démarche, de nombreuses personnes n’ont vu que de simples outils à appliquer là où Maria Montessori voyait une démarche d’ampleur : complexe, entière et profondément respectueuse de chaque enfant, de son rythme et de son développement, grâce à une préparation indirecte d’un environnement adapté à l’enfant. On précise que si elle n’a pas protégé son nom, Maria Montessori a étalonné et déposé le matériel pédagogique qu’elle et ses équipes ont conçu.

Même si elle n’évoque pas les fonctions exécutives (FE) en tant que telles, Maria Montessori semble, intuitivement, en avoir compris le rôle dans les apprentissages. Qu’en pensez-vous ?

Maria Montessori était avant tout médecin psychiatre. Elle avait donc une connaissance, limitée certes due aux moyens de l’époque, mais très fine du fonctionnement du cerveau. Elle avait en outre des intuitions très développées des besoins des enfants grâce aux innombrables heures qu’elle passait à les observer, partout où elle était : que ce soit à la maternité de Barcelone au début des années 20, dans les écoles qu’elle visitait ou dans les familles indiennes où elle vécut 7 ans. Certains des principes fondamentaux de sa méthode favorisent en effet le développement des fonctions exécutives. De nombreuses activités Montessori activent la mémoire de travail et développent la précision et le contrôle du geste, donc le contrôle inhibiteur.

Pour faire le lien avec les FE, nous avons visité votre site, Charlotte Poussin, et nous voulons citer ici deux des piliers de la pédagogie « Montessori »  que vous y évoquez pour faire le lien avec les fonctions exécutives :

Dans les classes Montessori, l’enfant est libre de choisir ses activités, de communiquer et se déplacer mais dans un cadre structuré. Il doit contrôler sa voix, ses gestes, dans le respect des autres. Il apprend donc à s’auto-discipliner.

Charlotte, Martine, avez-vous des lectures à proposer sur la pédagogie Montessori ou des sujets en lien

Avant de vous laisser à votre journée, soirée ou nuit (oui certains nous lisent tard), nous tenons à remercier Charlotte Poussin et Martine Gilsoul pour leurs réponses et leur aide précieuse. Si vous avez envie d’en savoir plus sur cette femme fabuleuse qu’était Maria Montessori, nous vous conseillons vivement de lire le livre de ces deux auteures :

Pour mieux comprendre la pédagogie Montessori, les ouvrages de Charlotte Poussin :

De plus, n’hésitez pas à consulter le site internet et la page Facebook de Charlotte Poussin :

Marie Baccus et Laura Bertleff, pour Learning Brain