L’éducation et les apprentissages : du siècle des lumières à Learning Brain

Titre accrocheur, pas vrai ? Mais dans cet article, loin de nous l’idée de nous prendre pour de grandes penseuses !

Nous reprendrons surtout certains concepts élaborés par les philosophes du siècle des lumières et nous les mettrons en lien avec nos connaissances actuelles. Pour ce faire, nous nous basons sur nos lectures, formations et expériences personnelles.

Allez, c’est parti pour un voyage à travers le temps ! TIC TAC TIC TAC …. BOUUUUM ! 🕰️

Petit rappel historique : le contexte

Nous ne sommes pas des pros de l’histoire. Notre truc à nous, c’est le cerveau et les apprentissages. 🧠 Mais, même si l’article n’a pas pour objectif d’être pointu sur le plan historique, un petit rappel du contexte semble nécessaire pour la suite.

Le siècle des lumières, c’est le XVIIIè (18ème siècle pour ceux qui ont du mal avec les chiffres romains). Ce dernier voit naître un mouvement philosophique qui a pour volonté de “combattre les ténèbres de l’ignorance par la diffusion du savoir”. (Larousse)

Wouah, on dirait le titre du prochain Harry Potter !

Les principaux représentants des Lumières sont :

Rappelons qu’à cette époque, la majorité de la population est analphabète. L’école n’est pas accessible à tous et réservée à une élite (masculine essentiellement).

Sapere Aude, aie le courage de te servir de ta propre intelligence !

Sapere Aude est la devise des philosophes des lumières. Ceux-ci ont pour objectif d’aider chacun (quelle que soit son statut) à penser par lui-même en développant son sens critique.

Notons que Rousseau, à cette époque, a fait évoluer la manière de voir les enfants et l’éducation. Voici ce qu’il en pensait :

Rousseau luttait contre l’idée de modeler des êtres particuliers avec des pensées et une façon de fonctionner propres à la société dans laquelle ils sont nés. Il voyait l’éducation comme un moyen de former des êtres humains libres et responsables. Et il insistait sur l’importance de respecter le développement et le rythme naturel de chacun.

De manière générale, le rôle de l’éducation est vu différemment au siècle des lumières. 🕯️ Les philosophes de l’époque donnaient une importance à l’éveil, à la curiosité et au goût d’apprendre. Pour cela, il fallait forcément envisager de nouvelles méthodes d’enseignement.

Dans cette optique, Rousseau, par exemple, proposait d’envisager l’enfant comme un véritable acteur de ses apprentissages. L’enseignant, quant à lui, avait pour objectif de le protéger des discours théoriques et sociétaux, d’intervenir le moins possible pour laisser l’enfant faire ses propres expériences.

Quels liens avec nos connaissances et pratiques actuelles ?

Reprenons certains concepts évoqués par les philosophes lumineux (c’est sympa ce surnom, on va garder ça) et projetons-les à notre époque ! 📽️

“Aie le courage de te servir de ta propre intelligence”

Cette devise nous parle, bien évidemment. Mais être courageux ne suffit pas, selon nous. En effet, pour penser par soi-même, il faut en être capable … Et pour développer cette compétence, il faut qu’on en ait l’occasion.

Cela nous a évoqué plusieurs choses.

Le Mind Mindedness et les droits de l’enfant

Il s’agit de considérer l’enfant comme un être individuel, doté d’un esprit et d’émotions propres. Ce concept rejoint la vision “nouvelle” que Rousseau a de l’enfant.

On est sur la bonne voie, pas vrai ? Même si, malheureusement, beaucoup d’enfants dans le monde ne bénéficient pas encore de ces droits (et de bien d’autres).

Mais ne nous éloignons pas trop du sujet. Comme nous le disions plus haut, penser par soi-même n’est pas si évident. En tous cas quand il s’agit de penser “correctement”. Les adultes (les parents en première ligne) jouent un rôle important dans ce contexte.

Les recherches et pratiques s’intéressant aux interactions parent-enfant

1. Les recherches

Des tas de chercheurs se sont intéressés au rôle des parents dans le développement de leur enfant. Et ce, à tous les niveaux (social, affectif, cognitif, comportemental, …). En voici quelques exemples :

La qualité des interactions socio-émotionnelles avec les parents influe sur la capacité de l’enfant à comprendre les émotions exprimées et à exprimer ses propres émotions. Ce qui a forcément un impact sur le comportement de l’enfant envers ses pairs. (Puttallaz et Heflin, 1990)

Certains aspects affectifs de l’interaction parent-enfant contribuent au développement des compétences exécutives globales. Le soutien à l’autonomie, quant à lui, permettrait le développement de compétences exécutives de haut niveau, comme la planification. (Regueiro S., 2021)

Le développement du contrôle exécutif est affecté par des facteurs environnementaux comme, par exemple, les pratiques parentales. La qualité des interactions parents-enfants (avec chaleur, sensibilité, discipline douce, attachement sécurisant) lors de la petite enfance permet un meilleur développement des fonctions exécutives. (Bernier et coll., 2010)

Bon, on pourrait t’en citer plein d’autres mais on va s’arrêter là. Ça te donne une petite idée.

2. Dans la pratique

Le rôle que les parents jouent dans le développement de leur enfant n’est plus vraiment à prouver. Mais qu’en est-il de la pratique ?

Puisque nous parlons de “considérer l’enfant comme un être individuel, doté d’un esprit et d’émotions propres”, évoquons le rôle des parents dans le développement de l’autonomie.

Dans ce contexte, il s’agira :

Et quel est le rôle des professionnels dans tout ça ?

Faisons ici un lien avec le modèle de Houdé et Borst. Selon eux, il existe 3 systèmes cognitifs :

1. Le système heuristique : pensée automatique basée sur des stratégies, des connaissances apprises antérieurement. Cette pensée arrive très rapidement mais n’est pas fiable à tous les coups. 🚀

2. Le système d’inhibition : il permet d’interrompre le système heuristique pour activer le système d’algorithme. Il a un rôle d’arbitrage pour stopper cette heuristique quand c’est nécessaire. 🛑

3. Le système algorithmique : pensée réfléchie et raisonnée, qui vient moins rapidement mais qui est fiable à tous les coups. 🐢

Notre cerveau est fait ainsi, il a tendance à aller au plus simple si on n’y prend pas garde. Et penser “correctement” nécessite parfois de prendre un peu de recul, de mettre un STOP.

Cela permet d’éviter :

Selon nous, les adultes ont un rôle essentiel à jouer en apprenant à l’enfant à :

Respecter le rythme de chacun et laisser l’enfant faire ses propres expériences

Les philosophes lumineux (😋) donnaient une importance à l’éveil, à la curiosité et au goût d’apprendre. Rousseau insistait sur l’importance de faire de l’enfant un vrai acteur de ses apprentissages. Et tout ça en respectant son développement.

Forcément ici, le lien avec :

Pour respecter le rythme de l’enfant et son développement, une des clés est de lui faire confiance et de le laisser jouer. Bien évidemment, laisser un enfant jouer seul toute la journée, sans interaction ni proposition, n’est pas une bonne idée.

Maria Montessori évoquait l’importance de respecter l’enfant et de croire en ses capacités d’auto-éducation mais aussi, de lui proposer un “environnement préparé”. Il s’agira donc de préparer l’environnement offert à l’enfant en tenant compte de ses besoins (en fonction de son âge et de son niveau de développement) et de ses envies. Mais il ne suffit pas de mettre à disposition de l’enfant du matériel. En effet, après l’avoir laissé découvrir par lui-même, il faudra l’accompagner dans la bonne compréhension des expériences qu’il fait (vocabulaire, prendre conscience de ce qu’il a appris, …).

Un point crucial pour bien apprendre, c’est d’être acteur de nos apprentissages. Stanislas Dehaene en a d’ailleurs fait un pilier central. Apprendre vient du latin “apprehendere” qui veut dire prendre, saisir, attraper. Et cela implique une action volontaire. Mais pour qu’un enfant ait envie d’apprendre, il faut qu’il soit dans de bonnes conditions :

Une petite réflexion made in Learning Brain …

L’humanité revient de loin en ce qui concerne le droits des Hommes à penser par eux-mêmes. Même s’il reste un nombre incalculable de progrès à faire.

Des gens se sont battus pour qu’on ait les droits que nous avons ici (parce qu’on a beaucoup de chance). Droits à l’éducation, au vote, à exprimer nos opinions librement, …

Mais quid de tout ça?

Aujourd’hui que nous avons libre accès aux apprentissages, les gens ont-ils encore envie d’apprendre ? Et nos enfants ? Voient-ils réellement le sens à leur obligation scolaire ? Leur donne-t-on envie d’être à l’école (au-delà des récréations) ?

Maintenant que nous avons le droit de penser par nous-même, a-t-on les bons outils pour le faire? Ou les compétences pour bien s’en servir? Les connaissances auxquelles on a accès sont infinies (ou presque) grâce à internet. Mais sait-on l’utiliser correctement?

C’est bien d’avoir des droits (Ô que oui!) mais si les droits évoluent, les moyens et méthodes doivent évoluer avec eux. Non ?

Mais adoptons une vision positive ! Plein de gens tentent de faire bouger les choses ! Qui sait, un jour, on parlera des années 2020 dans les manuels d’histoire …

SOURCES :

Marie Baccus et Laura Bertleff, pour Learning Brain