Le test du Marshmallow de Walter Mischel
Qu’est-ce que ça nous apprend ?

Walter Mischel, un psychologue de l’université de Stanford, s’est intéressé à la notion de volonté. Vous savez, ce concept qui nous manque souvent quand il s’agit d’appliquer nos bonnes résolutions… Personnellement, je dois me remettre au sport depuis des mois et j’ai en tête de nombreux arguments qui en prônent tout l’intérêt. Mais une fois le moment venu, j’ai toujours mieux à faire… Ça vous parle ?

Comment Walter Mischel a-t-il étudié cette notion de « volonté » ? Qu’est-ce que le test du Marshmallow ? Qu’a-t-il mis en évidence ? Les systèmes chaud et froid de notre cerveau , à quoi servent-ils ? Un lien avec les fonctions exécutives ?

Pour écrire cet article, nous nous sommes basés essentiellement sur le livre de Walter Mischel, « le Test du marshmallow ».

Qu’est-ce que le test du Marshmallow ?

Ce test consiste à laisser un enfant de maternelle devant une friandise (un Marshmallow vous l’aurez compris, je suppose), seul dans une pièce en l’ayant averti que s’il ne mange pas cette friandise tout de suite (avant le retour de l’adulte), il aura droit à une deuxième. La première étude de Walter Mischel a été réalisée en 1972.

Pourquoi avoir développé ce test et quelles en sont les conclusions ?

Walter Mischel, comme indiqué dans l’introduction, s’est intéressé à la notion de volonté et de « self-control », c’est-à-dire à cette capacité qui nous permet de remettre à plus tard un plaisir immédiat au profit de bénéfices à plus long terme.

Ex : remettre à plus tard mon envie de regarder ma série pour me bouger les fesses sur mon tapis de gym dans le but de rentrer dans mon bikini cet été.

Il explique que cette capacité de « self-control » est une compétence cognitive qui s’apprend. Elle se développe pendant la petite enfance et elle a un impact sur notre avenir. En effet, Walter Mischel a montré que 12 ans après avoir passé le test, les adolescents qui avaient réussi à l’époque à différer la récompense pendant le plus longtemps (environ 20 minutes) étaient ceux qui avaient un meilleur self-control lors de situations frustrantes, qui résistaient le mieux aux sources de distraction au moment de se concentrer, qui étaient les plus intelligents et les plus confiants en leur propre jugement. Ils anticipaient, planifiaient mieux et arrivaient donc plus facilement à atteindre leurs objectifs. Ils ont également obtenus des résultats nettement meilleurs que les autres lors d’un examen standardisé que tous les élèves américains doivent passer (SAT).

A l’âge adulte, les résultats sont tout aussi intéressants. Les enfants qui avaient réussi à différer leur gratification le plus longtemps sont devenus les adultes qui ont le mieux atteint leurs objectifs à long terme, ont poursuivi des études plus longues, ont moins succombé aux drogues dures et ont un meilleur indice de masse corporelle.

C’est tout ?

Non non non, ce n’est pas tout ! Même le fonctionnement de leur cerveau est différent ! En effet, des études d’imagerie cérébrale ont montré que ceux qui avaient pu résister le plus longtemps à la tentation en étant jeunes affichaient une activité clairement différente au niveau des circuits neuronaux fronto-striataux. Cette zone de notre cerveau est celle de la motivation et du contrôle.

Cette capacité de maitrise de soi serait donc un bon prédicteur de la réussite future.

« Qui sait se maîtriser possède l’aptitude clé au fondement de toute intelligence émotionnelle, une aptitude essentielle à la construction d’une vie épanouissante » Walter Mischel.

Attributs chauds ou froids des récompenses

Daniel Berlyne, un psychologue canadien, a défini deux types de propriétés aux objets visant à générer une tentation/désir.

Dans une de ses nombreuses études, Walter Mischel a donc demandé aux enfants de se représenter le Marshmallow soit sous ses propriétés chaudes, soit sous ses propriétés froides avant de les mettre face au test. Ceux qui s’étaient représenté le marshmallow de manière « froide » ont pu résister plus longtemps que ceux qui se l’étaient représenté de manière « chaude ».

Notre état émotionnel influence-t-il notre capacité à faire preuve de volonté ?

Ce qui est intéressant également c’est que si on demandait aux enfants, avant de commencer le test, de penser à quelque chose de triste (ex : on les laisse tout seul alors qu’ils ont besoin d’aide), ils cédaient beaucoup plus vite à la tentation que ceux à qui on avait demandé de penser à des choses agréables.

Dans le même ordre d’idée, des enfants que l’on complimente sur leur dessin ou travail parviendront mieux à différer leur plaisir que si on les a critiqués.

A l’âge adulte, c’est pareil : Nous sommes moins capables de remettre à plus tard une gratification immédiate lorsque nous nous sentons mal. C’est le cas, par exemple, des personnes dépressives qui vont plus facilement vers des récompenses immédiates (même si moins attrayantes).

Les systèmes « chaud » et « froid » évoqués par Walter Mischel en 2014

Walter Mischel, dans son livre, parle également de systèmes différents dans notre cerveau :

Le système chaud : « émotionnel impulsif »

Ce système permet de réguler nos instincts élémentaires : peur, colère, soif, faim, désir sexuel, … Ce sont des structures cérébrales qui se situent sous le cortex, au niveau du tronc cérébral, qui s’occupent de ces « instincts ». C’est le cas, par exemple, de l’amygdale. Il ne s’agit pas de celles qu’on se fait enlever par l’ORL mais bien d’une structure cérébrale :

Notre amygdale nous permet d’agir « à chaud » face à un stress ou un danger par exemple, sans réfléchir à plus long terme = réactions impulsives, spontanées ou immédiates.

Mischel explique que si nous nous concentrons sur les qualités attrayantes, « chaudes » d’un objet de tentation, nous déclenchons alors un réflexe : « vas-y, fonce ! ».

Le système froid : « rationnel »

Ce système se situe dans notre cortex préfrontal. Il joue un rôle dans notre capacité à faire preuve de « self-control ».

Nos deux systèmes travaillent en synergie. Et si notre capacité à nous maitriser n’est pas bien développée, c’est là que les ennuis commencent ! Car notre système « froid » peut alors trouver des excuses rationnelles pour à peu près tous nos actes, y compris le fait de fumer, voler dans un magasin, … Le simple fait de penser à certaines choses (ex : un bonbon, une cigarette) va provoquer une action : je mange le bonbon, je fume la cigarette. Plus ça arrive et plus il est difficile de freiner l’automatisme entre ma pensée et l’action qui en découle. C’est comme ça que se développe certaines addictions.

Mischel insiste sur le fait qu’il est plus facile de développer, dès le plus jeune âge, des stratégies de self-control que de modifier des habitudes bien ancrées quand nous sommes adultes.

Un lien avec les fonctions exécutives ?

Je vous conseille de lire notre article sur les fonctions exécutives car, non seulement il est top (bah oui.. je l’ai écrit) mais, en plus, parce qu’il a un lien très étroit avec le sujet qui nous occupe aujourd’hui. En effet, les fonctions exécutives sont des fonctions cérébrales qui se développent dans le cortex préfrontal et nous permettent d’inhiber des actions qui ne participeraient pas à notre réussite future, de changer nos stratégies si besoin, de planifier nos actions, … et donc : de nous maitriser.

Walter Mischel évoque deux systèmes : le chaud et le froid. Notez qu’il existe également deux niveaux dans le fonctionnement des fonctions exécutives (et c’est certainement, sans avoir toutes les connaissances actuelles, ce que ce psychologue voulait mettre en évidence):

Notez que les FE « froides » peuvent être d’une grande aide pour les « chaudes » ! C’est dans ce contexte que nous vous conseillons d’entrainer un peu votre cerveau (et celui de vos enfants). En vous abonnant à notre newsletter, vous aurez d’ailleurs accès gratuitement à une page reprenant des vidéos et exercices de stimulation cognitive que nous avons créés pendant le confinement.

Vous désirez en apprendre davantage sur les fonctions exécutives ? Inscrivez-vous à notre prochaine formation sur ce sujet !

Pour finir, et en lien avec ce que Walter Mischel disait sur l’intérêt de développer au plus tôt nos capacités de « self-control », rappelons que les FE commencent à se développer très tôt (vers un an) et continuent leur développement jusqu’à l’âge de vingt ans environ. Ceci me permet de faire le lien avec notre article sur la méthode CPIM. En effet, cette méthode a pour objectif de permettre de développer les fonctions exécutives des enfants en régulant l’interaction qu’ils entretiennent avec leurs parents.

Quel est le rapport ?

Eh bien, puisque le cortex préfrontal se développe jusque tard, cela laisse une fenêtre d’opportunité importante aux influences environnementales. En d’autres mots : l’environnement dans lequel évolue l’enfant a un impact important sur le développement des fonctions exécutives. Du coup, l’interaction parent-enfant joue un rôle essentiel et ce, tant au niveau des FE « froides » que « chaudes ».

En espérant que cet article vous ai plu et au plaisir de vous réécrire !

Ah et « résistez au Marshmallow !!! »

Marie Baccus et Laura Bertleff, pour Learning Brain

SOURCES :